La loi du silence

Le 18/02/2015 0

Dans Petit journal

Mon père s'est éteint... en un moment ou les sentiments se mèlent, ce que je regrette le plus est de ne pas avoir plus de chagrin. C'est vrai que l'on s'était déja perdu de vue dans un monde ou l'on ne communiquait pas de toute façon. Je n'ai plus connue de lui que les silences et les secrets, les coups de gueule et les échecs. Il n'empèche que quelques souvenirs sont là, lointains pour la plus part et peu nombreux. Au volant dans la voiture, une chambord à l'époque, je lui peignais les cheveux du siège arrière. Comme il disait " en ailes de pigeons". Plus tard, en grandissant tout c'est compliqué dans une spirale infernale et il ne donnait même plus d'affection. Les soucis quotidiens remplacaient la communication au point de ne plus se dire que des banalités du style "passe moi le sel", au point d'en être transparent.Trop de problèmes accumulés l'empèchaient surement de penser autrement. Je me souviens aussi vers l'age de 12 ou 13 ans qu'il se levait toujours aux aurores pour préparer le café. De celui qui sent bon, moulu avec un moulin en bois qui fermait toujours mal. Je me souviens alors de l'odeur du café qui embaume la maison, au réveil. Je me souviens aussi des briques qu'il mettait à chauffer le soir sur la cuisinière pour que nous n'ayons pas froid au pieds. Il était dans son monde surement et de plus en plus, au point que nous ne parlions même plus le même langage. Je suis partie très jeune car je n'étais qu'un fardeau de plus avec ceux qu'il portait déjà en silence, toutes les paroles auraient été déjà superflues. Après, on ne s'est pas beaucoup revus. Je l'ai dépanné à la maison lorsque j'avais 19 ans mais après quelques semaines chacun repris sa route. On ne pouvait pas se dire grand chose à cette époque car la loi du silence s'était déjà installée depuis longtemps comme si ouvrir son coeur fesait encore plus souffrir. Comme si garder pour soi une certaine amertume était digne, des lois qui nous échappent à tous. La vie de chacun de nous était devenue compliquée et instable au point que les états d'ame étaient un luxe qu'on avait pas. On ne disait rien, on prenait les choses telles qu'elles se présentaient. Je l'ai revu ensuite vers mes 25 ans entre deux portes et la j'avoues que mes parents ne devaient pas être très heureux car ils étaient dans une caravane. Les années se sont enchainées avant que je ne le revois qu'à 35 ans. J'ai tenté de retrouver un dialogue, je suis même allée avec lui à la pèche au bord du Loir. Mais la encore, les poissons piègés à l'hamecon avaient encore plus de conversation entre eux. Ma mère vient de m'appeler et de me prévenir de son dernier souffle, sur le coup, je n'ai su quoi lui dire. Je lui ai seulement dit qu'il fallait créer des liens avant que le silence ne viennent les briser à tout jamais. Peut-on souffrir autant ou plus qu'avant, certainement pas plus de mon coté. Pas un seul mot ne peut à présent libérer quoi que ce soit à l'heure ou ce que je pense fait déjà partie du passé, à par les écrits qui soulage le coeur. Je garderais donc le peu de souvenirs joyeux que je possèdes dans un tout petit écrin dans ma mémoire. Ceux qui remontent quand j'étais toute petite, qu'il emporte avec lui tous les mauvais car après tout personne ne les à voulut. J'espère qu'avec lui s'envoleront aussi les souffrances qu'il à du connaître ici bas.

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